Bourse/Finance
PER : l’épargne retraite gagne en maturité
Cinq ans après sa création par la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises), le Plan d’Épargne Retraite (PER) s’impose comme l’un des produits phares de l’épargne longue en France.
Selon la Fédération Française de l’Assurance (FFA), plus de 9 millions de Français en détiennent un, pour un encours global qui dépasse 100 milliards d’euros fin 2025. Sa montée en puissance s’explique par sa souplesse de gestion, la portabilité des droits, et un avantage fiscal clair, qui le positionne au croisement de la préparation de la retraite et de la gestion patrimoniale à long terme.
Le PER a séduit aussi bien les salariés, via les versements volontaires ou l’épargne salariale, que les indépendants, qui l’utilisent comme un outil de lissage de la fiscalité des revenus.
Des atouts fiscaux toujours puissants
L’attrait du PER repose sur la déductibilité des versements volontaires du revenu imposable, dans la limite du plafond légal (10 % des revenus professionnels, ou 32 909 € maximum en 2025). Ce mécanisme procure un gain fiscal immédiat et significatif pour les contribuables imposés dans les tranches à 30 %, 41 % ou 45 %.
À la sortie, le capital peut être récupéré sous forme de rente viagère, de capital unique ou d’un mélange des deux, selon les besoins du titulaire. Cette flexibilité répond à la tendance observée depuis 2022 : les Français souhaitent garder la main sur le rythme et la forme de leur retraite, avec la possibilité de débloquer leur épargne pour l’achat d’une résidence principale ou en cas de coup dur (invalidité, décès du conjoint, etc.).
Les menaces qui pèsent sur le dispositif
À l’automne 2025, plusieurs pistes de réflexion entourant le Projet de Loi de Finances 2026 (PLF 2026) inquiètent la filière de l’épargne retraite. L’administration cherche à réévaluer le coût fiscal du PER pour l’État, estimé à plus de 2 milliards d’euros par an, en raison des déductions accordées lors des versements.
Plusieurs options sont à l’étude :
• un plafonnement global de la déductibilité des versements volontaires (par exemple 20 000 € par an) ;
• une obligation de sortie en rente dès l’âge de la retraite ;
• une limitation de l’avantage fiscal aux contribuables imposés dans les tranches inférieures (20 % ou 30 %) ;
• une remise en cause partielle de la neutralité fiscale à la sortie, via un ajustement du régime applicable au capital.
Ces pistes, encore non arbitrées, visent à contenir la dépense publique tout en préservant le caractère incitatif du PER. Mais elles soulèvent une question de fond : jusqu’où peut-on réduire l’avantage fiscal d’un produit d’épargne longue sans compromettre son efficacité ? Pour les épargnants, l’enjeu est clair : il peut être pertinent d’anticiper les versements avant la clôture de l’année 2025, afin de bénéficier des règles actuelles avant toute éventuelle modification.
Une gestion de plus en plus structurée
Sur le plan financier, les gestionnaires ont adapté leurs allocations à l’environnement de taux plus élevés.
La majorité des contrats repose désormais sur une gestion pilotée à horizon, ajustant progressivement la part d’actions et d’obligations en fonction de l’âge du titulaire.
Les fonds intégrant des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) gagnent en popularité, tout comme les unités de compte en immobilier, infrastructures ou dette privée, qui renforcent la diversification à long terme.
Cette évolution traduit une professionnalisation du marché : le PER n’est plus un produit standardisé, mais une solution d’épargne personnalisée intégrée à une stratégie patrimoniale globale.
Un outil à préserver
Malgré les incertitudes fiscales, le PER conserve de solides fondamentaux :
• il favorise l’épargne longue et productive ;
• il offre un avantage fiscal incitatif et transparent ;
• il contribue à financer l’économie réelle via les supports en unités de compte.
Sa réussite repose désormais sur la stabilité du cadre fiscal et sur une communication claire auprès des épargnants.
Si le PLF 2026 devait en modifier l’équilibre, il serait essentiel que ces ajustements restent prévisibles et proportionnés, afin de ne pas briser la dynamique d’un produit qui a su, en cinq ans, redonner du sens à l’épargne retraite.
Source : Fédération Française de l’Assurance (FFA), rapport sur l’épargne longue et réflexions parlementaires préalables au PLF 2026.

.png)

.png)

.png)

.png)

.png)
.png)
.png)

.png)
.png)

.png)
.png)
